Pour être heureux, la vie de «co»

Cohabitation, colocation, copropriété, covoiturage... La vie est dure, les factures sont élevées, la meilleure façon de faire baisser le coût de la vie c'est de partager les frais, les lieux, les transports... 

Dieu a instauré la première cohabitation. « Il n'est pas bon que l'homme soit seul. » Et il l'affubla d'une Eve qui contre de menus travaux s'assura le gîte et le couvert. Eve, la seule femme qui ne pouvait pas retourner chez sa mère, parce qu'elle n'en avait pas.

Eve ne pouvait donc pratiquer que la cohabitation horizontale, celle qui se pratique entre époux, entre amis ou entre frères de peine : prisonniers, gendarmes, vieux et malades.

De nos jours la cohabitation est plutôt verticale. C'est ce qu'on appelle le syndrome de Tanguy : squatter chez papa, maman ou mamie avec ingestion massive de pâte à tartiner chocolatée, de sodas pétillants et rejet massif de décibels.

Notre monde retrouve l'habitation qu'on pourrait appeler « de la poupée russe » tant il y a de générations à l'intérieur.

Dis-moi avec qui tu habites et je te dirai qui tu es. Si tu n'es pas un cohabitant mais un colocataire, tu as un autre esprit.

Tu es un étudiant vivant dans une communauté de travail où quatre cerveaux essaient d'atteindre le rendement d'un cerveau de surdoué.

Tu es un artiste répétant à l'infini avec tes « colocs » des rôles pour des pièces d'avant-garde dans des lieux alternatifs ou des concerts « space » dans des lieux industriels en friche.

Tu es un adepte du New Age qui partage avec ses « frères de la paix » des platées végétaliennes et des prières pour faire avancer le monde.

Tu es un malgré-toi de cette forme d'existence et tu te sens comme enfermé dans une geôle pour losers ou pour oubliés de la chance.

Colocation, partage et pillage ? On mange ce que tu as mis dans le frigo ? On vide ton shampoing ? Alors c'est que tu n'as pas encore pratiqué la copropriété.

Eh oui : il n'y a pas seulement la copropriété immobilière, il y a la copropriété saponière, sanitaire, alimentaire.

Qu'est-ce que c'est ? C'est la propriété commune du savon, du papier toilette, de la nourriture dans le frigo. Tout est acheté en commun.

Pour chaque utilisation du shampoing, il faut le retirer de son armoire forte, faire le code secret. Cette armoire indique le poids du flacon à l'entrée et le poids du flacon à la sortie ainsi que la pureté du produit pour éviter que des petits malins ne le remplissent avec de l'eau.

Mon amie Lili et moi nous avons un lévrier afghan en copropriété et une toile de Jean de Jong. Tous les 8 jours on change. Ou on a le lévrier, ou on a Jean de Jong.

Quant au covoiturage, je n'en dirai qu'un mot : « Pour économiser trois sous d'essence, est-on obligé de se farcir un sapin - vanille et l'intégrale de Mireille Mathieu ? »