Mosquito aïe aïe aïe

Publié le par huguettedreikaus

C'était en première page de mon quotidien, comme l'annonce d'un tsunami, le mariage d'une princesseou la mort d'une star : la guerre aux moustiquesest déclarée. La guerre est inégale entre un insecte quasi invisible et un être humain réveillé en plein rêve par des démangeaisons affreuses qui l'obligeront à se gratter au détriment du sommeil et qui le mutileront pour des journées en gonflant son oeil et en posant des taupinières rouges sur sa peau. Brad Pitt devient Quasimodo. Miss France devient Miss Pustule.

 

 Lire des histoiresde serial killer L'arsenal lourd est mis en place dans la chambre à coucher. Les bombes fleurissent sur la table de nuit pour lutter contre la Schnok. Citronnelle pour la faire fuir. TNT pour la gazer. Tapette en cuir pour l'écraser. Lecture d'une histoire de serial killer de moustiques pour la faire crever de peur. Souvent l'homme, armé d'un vieux tricot, saute sur le lit et étouffe l'insecte sous les mailles du point jersey. La femme, toujours pieuse, prie pour que disparaisse cette race d'animaux sournois qui fait naître dans l'esprit et puis dans les doigts cette envie primitive : se gratter, partout et n'importe où, même en public. Madame de Rothschild, experte en savoir-vivre, se pâme d'effroi à la vue d'un individu qui, de ses ongles acérés, laboure sa propre peau avec des va-et-vient saccadés à la manière du moins civilisé des primates. Car comme dit Confucius : « Il n'est pire tare que de se faire à soi-même des gestes réservés aux médecins. Ainsi, se mettre les doigts dans le nez est un geste immonde qui devient thérapeutique et noble s'il est pratiqué sur soi par un ORL

 

 ». Un mauvais sort d'avant le Déluge « Tu peux aller te gratter », hurle-t-on à ceux qui essaient de nous faire du mal. Cela sous-entend : « Que le moustique te pique ! ». Cela dit, souhaiter aux autres des piqûres de moustiques est un mauvais sort antédiluvien. On en parle déjà dans l'Ancien Testament (Exode 8.12615). L'Eternel dit à Moïse : dis à Aron « tends ton bâton et frappe la poussière de la terre et ses grains se transformeront en moustiques pour toute l'Egypte. C'est ce qu'ils firent. Les magiciens employèrent des sortilèges pour éloigner les moustiques mais ils n'y parvinrent pas. Les magiciens dirent au pharaon : c'est le doigt de Dieu ! » Le moustique est biblique. Serait-il encore le doigt de Dieu dans nos vies ? Une fatalité ? Un fléau inexorable pour nous punir à cause de nos péchés ? Suffirait-il alors de ne commettre aucun péché pour être sauvé des aedes albopictus ?

 

 Les scientifiques disent que non. Mieux vaut éviter de sentir l'eau croupie Une récente étude nous apprend que le moustique est attiré par le gaz carbonique de la respiration et par les odeurs d'urine ou de transpiration. Les relents d'eau croupie l'excitent aussi follement. Sentir mauvais et se mettre à ronfler à côté d'un vase garni d'un bouquet de 12 jours d'âge est un vrai piège à mosquitos. Ce nouvel état des choses nous rend certainement plus discrets et annihile notre propension à témoigner haut et fort du harcèlement nocturne de ces insectes bibliques. A la question « Vous avez des moustiques ? », on a coutume de répondre : « Je vous interdis de supputer une telle chose. Je me lave, moi ! Et je mâche des bonbons à l'eucalyptus en dormant ».

 

 Confucius dit « Les moustiques sont devenus les frères des morpions. On se gratte toujours à cause d'eux mais on ne l'avoue plus »

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