Les meutes de Noël

Publié le par huguettedreikaus

Si les fins d’années réjouissent les commerçants, les récipiendaires de treizièmes mois, les fabricants de cartes postales et les huîtres  proclamées reines des ripailles , elles font aussi couler de l’encre dans les journaux intimes et sur les actes notariés. Ils sont légions ceux qui ,à l’issue des grands réveillons familiaux rédigent un nouveau testament et ceux , qui après des festivités entre collègues ou amis couchent  des mots de rage ou de désespoir suivis  de grands points d’exclamation dans leurs journaux intimes …C’est que Noël et la saint Sylvestre sont à l’humanité ce que les rassemblements saisonniers des meutes sont aux animaux sauvages , l’occasion d’affrontements sanglants.

 

« Petit papa Noël » chante le CD… « espèce de salaud » crie une voix de la tablée…devant la carcasse du chapon , émasculé et étripé , c'est-à-dire sacrifié à la fête , se prépare la querelle des clans. Une famille c’est toujours une juxtaposition de clans . Ceux qui vénèrent tante Berthe et ceux qui la détestent. Ceux qui sont heureux d’avoir pu passer le mois d’août dans le mobil-home  de la Ciotat et ceux qui sont amers parce qu’ils ont du y aller en juillet. Ceux dont les enfants ont réussi le premier trimestre et ceux qui doivent avouer publiquement l’échec de leurs rejetons…Les clans se font face.. la trêve nécessitée par l’avalage du saumon, de la pintade et du vacherin maintient les conversations sur un terrain neutre…on parle du temps, de la vie qui augmente et des embouteillages sur les routes…et puis, on ne sait pourquoi une parole malheureuse déclanche les conflits. Peut-être que l’une des personnes présentes dit simplement « la vie est chère » et toc, celui qui attendait de cracher son venin attend cette occasion comme la mèche d’une bougie attend l’allumette et dit « toi tu peux te taire… avec ce que tu gagnes , la vie ne doit pas être trop dure.. non mais je rigole… » suit la  riposte « tu n’avais qu’à faire des études aussi connard au lieu d’essayer de vendre des frigos aux eskimos »…suit une généralisation du conflit « de toutes façon nos parents t’ont toujours préféré et c’est toi qui a eu le droit de faire des études. » le moka reste dans le paquet. Un des frères claque la porte. Maman pleure. Le père dit à la mère « tu vois ton éducation, où ça nous mène, tes gosses sont des cons »maman pleure de plus belle. Encore une famille brisée victime du syndrome  de la meute féroce du réveillon.

 

A la Saint Sylvestre le scénario est le même  …on fait un grand rassemblement  buffet , orchestre..dans la vie de tous les jours  les gens travaillent ensemble ou leurs liens se sont créés ailleurs, des amis des amis  , par exemple ou les parents des gendres et des brus. Peu importe…il y aura toujours à un moment donné un « hapyness killer » qui sortira une rancoeur qu’il aura gardée sur l’estomac depuis des mois et qui se manifestera dans ces  fêtes où on se lâche…Il suffit , par exemple, que la femme de Jo soit jalouse de la femme de Jim … si Jo danse avec la femme de Jim, la femme de jo ne pourra pas s’empêcher de dire « t’as fini de danser avec cette grue ? non, tu crois que je ne vois pas ton manège ? » Et hop « la grue » se dressera sur ses ergots sommant son mari de la défendre.Selon le degré d’importance de l’un des mâles dans le groupe , les clans se formeront et la soirée se terminera en pugilat…la femme de jo menacera de divorcer…Jo dira « une connasse comme toi j’en retrouverai une… ».

 

Pendant les  réveillons , les loups et autres prédateurs sont de sortie.. à la Noël et à la saint Sylvestre il n’y a pas que les pétards qui explosent..

« tu fêtes en meutes tu te lances des paroles comme des  scuds,

tandis que l’avocat et le notaire se frottent les mains à l’étude.

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