Evacuation, compréhension

Publié le par huguettedreikaus

Un cri qui répand la terreur : « Sie komme ! Sie komme ! » Les Allemands arrivent. Les gazettes l’avaient déjà annoncé. C’est la guerre ! Pour les Alsaciens, l’histoire est un éternel recommencement. Au cri : « Les Allemands arrivent », d’aucuns pourraient dire : « Encore ! » Cette fois-ci, en cette fin septembre, on sonna l’hallali et des milliers de personnes, certaines en costume alsacien, se mirent en route d’abord sur les charrettes, puis serrées dans des wagons. Direction : Le Limousin et le Périgord. Le choc de deux cultures.

D’un côté « les gens du Sud », avec leurs sols de maison en terre battue. De l’autre côté, les Alsaciens, qui avaient depuis longtemps des sols en grès ou en planches et des rideaux aux fenêtres. « Les gens de là-bas » n’en finissaient pas de s’étonner à la vue de ces Alsaciens posant à terre des tuiles de récupération pour pouvoir balayer et laver le sol. Les Alsaciens étaient fiers, « là-bas », de la tenue de leur intérieur et de leur savoir-faire.

La pierre d’achoppement, c’était la langue. Ceux qui les accueillaient ne comprenaient pas pourquoi des gens parlant une langue analogue à celle des Allemands avaient peur. On le leur faisait sentir. C’est l’une des phrases du –Redde mer nim devun- de Germain Muller : « Vous êtes mieux là-bas avec les Allemands. Vous les comprenez. Ils vous comprennent. »

Pourtant, ils faisaient des efforts, les Alsaciens, pour se faire comprendre de leurs compatriotes français ! Une de nos concitoyennes exilées, voulant acheter une pièce de veau à la boucherie et ne sachant comment dire, passa la commande suivante : « Je voudrais un morceau du fils de la vache. »

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