Attends moi là haut

Je vous emmène dans un de ces lieux qui disparaissent et qui pourtant sont si utiles à notre équilibre psychologique... aujourd’hui le grenier.

Le grenier ça vient de grains : c’est là qu’on entreposait le grain et les pommes du temps où les fruits hibernaient (les fruits au grenier, les légumes à la cave). La cave pour la bouffe, le grenier pour la chouff. Regarder, regarder la brocante familiale avec les colliers de centimes à trous, les milliards des années d’inflation, les robes désuètes aux odeurs de naphtaline, les chaussures de mémé envahies par les toiles d’araignées, les outres à vin, les maies de farine, les formes pour les bredle, les moules à kougelhopfs. Tout ce Louvre familial où trônait souvent le portrait d’une tante morte vieille fille dont on garde le portrait par référence, par peur des châtiments divins…superstition et grenier allaient de paire. Le grenier c’est là qu’on entendait marcher les ectoplasmes ou danser les esprits ou roucouler les paysans  avec leurs servantes.

Et les greniers s’exposent à Truchtersheim. Les greniers et l’écologie… on mélange. C’est un retour vers les tandems : radio réveil, aspirateur sèche cheveux, radio coffre à laines, parapluie-fusil… pourquoi pas grenier et écologie? C’est que l’une a peut-être remplacé l’autre. Plus de greniers !!! Ils  deviennent des combles aménagées pour des fantasmes divers ou pour des « Tanguy »  addicts aux grumbeerdotsche de maman…

Alors on écologise, c’est de bon ton. « Oui Germaine je suis aussi pour l’écologie, j’ai mis du basilic et de la ciboulette à la place des géraniums» et hop le balcon devient jardin du curé…la bonne Herrade se verrait grappiller des herbes dans des céramiques liliputiennes. Même les herbes médicinales doivent se faire bonzaïs.

Oui l’écologie ça a du bon tout de même,  pour ma copine Lili qui du coup sait quoi faire de ses samedis. Elle nettoie les cours d’eau, le dimanche elle nettoie les sentiers, et la semaine elle manifeste et se fait photochopper devant des assiettées de champignons ou d’algues primitives…ça remplit une vie de solitaire et lui permettra peut-être de  rencontrer un homme qui sera encore vert. J’allais dire que Lili est écologique jusqu’à la racine des cheveux (ce qui est faux)…du moins pas jusqu’au bout des poils : elle s’ épile avec des substances prohibés.

Car comme dit Confucius «  celui qui dépoile ses petites zones est capable de déforester l’Amazone ».